Steam Deck : présentation et impressions

Bonjour et bienvenu pour cette nouvelle vidéo, avec au programme aujourd’hui le Steam Deck de Valve qui a désormais un peu plus d’un an. Une bonne occasion pour parler un peu de la machine et de donner mon humble avis, avec pas mal de retard il est vrai.

Mais avant toutes choses, j’aimerais revenir sur un sujet qui n’a jamais été, ou très peu, abordé, en tout cas à ma connaissance.

Lorsque le Steam Deck est sorti le 28 février 2022, ou plutôt lorsque que le Steam Deck a réellement commencé à arriver chez les clients qui l’avaient précommandé, nombreux ont été ceux à comparer la machine de Valve avec la Switch de Nintendo. Après tout, dans les deux cas, il s’agit d’une machine de jeu portable que l’on peut brancher à un écran via un dock. A ceci près que le dock officiel a mis des mois à être proposé à la vente et que l’on attend désormais que Valve se décide enfin à proposer une manette dédiée.

Pour autant, la Switch et le Steam Deck partage un autre point commun : celui de succéder à un échec. Dans le cas de la Switch, il s’agissait de la Wii U. Mais qu’en est-il du Steam Deck ? Et bien, il succède à un projet qui avait été annoncé en 2013 et qui avait pour but d’installer Steam dans nos salons, grâce à trois solutions hardware : les Steam Machines, le Steam Link et le Steam Controller, tous trois lancés à la fin de l’année 2015.

Les Steam Machine 

Les Steam Machines, pour commencer, étaient ni plus ni moins que des mini-PC que l’on pouvait brancher à un écran de salon et fonctionnant sous Steam OS, un système d’exploitation dédiée aux jeux vidéo conçu à partir d’un noyau Linux. À ceci près que ces machines n’étaient pas directement conçus par Valve, mais assembler par divers fabricants selon un cahier des charges précis.

L’idée était donc de permettre l’installation d’un mini-PC, potentiellement améliorable à l’avenir en changeant quelques composants comme n’importe lequel PC classique, dans nos salons afin de pouvoir jouer à nos jeux Steam tranquillement installé dans notre canapé. 

Malheureusement, les Steam Machines ont été un fiasco, à peine un demi-million de machines vendues en l’espace de six mois selon Valve à l’époque ! Et pour cause, pourquoi s’embêter à acheter un mini-pc fonctionnant sous Linux, alors que l’on peut acheter et/ou monter soit même son propre PC fonctionnant sous Windows et le brancher sur son écran de salon via un câble HDMI…

Tant et si bien que fin 2016, les différents fabricants annoncent déjà stopper la production des Steam Machines.

Toutefois suite à cette catastrophe, Valve gardera tout de même de côté le Steam OS et aura tout de même contribué à donner un petit coup de fouet aux jeux vidéo sous Linux. Même si au fond, cela n’aura duré qu’un temps, tout du moins jusqu’à l’arrivé du Steam Deck.

Le Steam Link

Le Steam Link, quant à lui, était un petit boîtier que l’on pouvait brancher sur une télévision via son port HDMI. Puis, après une petite configuration pour lier le boîtier à son ordinateur, il était alors possible de jouer sur l’écran du salon aux jeux Steam qui étaient alors exécutés sur le PC.

Plutôt pratique, ce petit boîtier aura son petit succès, malgré quelques limitations. En Wifi il valait mieux avoir un réseau performant. Mais il était toujours possible de passer par un câble Ethernet pour avoir un résultat de bien meilleure qualité. De plus, à l’époque il n’y avait pas vraiment de solution équivalent, en tout cas à ma connaissance.

Toutefois, au fil des années, de nouvelles solutions hardware et software apparaissent, rendant le petit boîtier obsolète. Tant et si bien que Valve finit par annoncé la fin du Steam Link en novembre 2018, tout en gardant néanmoins la partie logicielle que sera rendu disponible pour tous gratuitement et que l’on peut encore librement télécharger aujourd’hui.

Le Steam Controller

Enfin, le Steam Controller a probablement été le périphérique made in Valve qui a eu le plus de succès, mais qui a également été le plus controversé.

L’idée était la suivante : proposer une manette avec laquelle on pouvait jouer à des jeux typés consoles et des jeux typés PC. En théorie donc, avec le Steam Controller on pouvait tout autant jouer à un Dark Souls ou à un Street Fighter, qu’à un ARMA III ou à un DOTA II, sur son ordinateur.

Et en pratique, c’était tout à fait possible, à condition de se creuser un petit peu la tête pour configurer la manette. Sauf que les “pseudos joueurs PC” et autres “pseudos journalistes”, qui n’hésitent pourtant pas à revendiquer leur appartenance à la « master race » et à mettre en avant l’adaptabilité de la plateforme, n’ont tout simplement pas apprécié de devoir perdre un peu de leur temps pour configurer le Steam Controller… 

Alors certes, le Steam Controller n’était pas sans défaut. Et si on jouait principalement à des jeux typés consoles, pourquoi acheter cette manette quand une autre plus classique était déjà suffisante, voire supérieure avec la présence de deux joysticks et d’une vraie croix directionnelle. 

Mais le potentiel était là, et le succès, n’en déplaise à certains, suffisant pour que le Steam Controller soit le dernier des trois projets à être abandonné par Valve à la fin de l’année 2019 . De cette expérience, Valve gardera la partie logicielle et la rendra compatible avec d’autres manettes.

L’héritage

À partir de là, si vous avez un Steam Deck entre les mains, vous pouvez sans doute déjà entre-apercevoir les différents éléments hérités des trois précédents échecs, ou semi-échecs, de Valve.

Des Steam Machines, le Steam Deck a bien entendu hérité de la partie hardware, mais cette fois-ci développée et assemblée par Valve (en partenariat avec AMD). Le tout fonctionnant avec un Steam OS remanié et un proton amélioré qui permet à de nombreux jeux de la bibliothèque Steam de fonctionner.

Du Steam Link, le Steam Deck a hérité du Remote Play qui permet de diffuser le contenu Steam de son PC, via le réseau local, sur la machine portable de Valve, et inversement.

Enfin, du Steam Controller, le Steam Deck a hérité des deux trackpads, mais sans pour autant renier tout ce qui faisait la spécificité d’une « vraie » manette, en proposant cette fois-ci deux sticks analogiques et une vraie croix directionnelle, tout en ajoutant non pas deux boutons supplémentaires, mais quatre, à l’arrière du Steam Deck. Tout ça pour au final obtenir l’une des meilleures manières de jouer à tout nos jeux vidéo ! Que ce soit en terme de qualité matériel, les trackpads étant par exemple de bien meilleurs qualités que ceux du Steam Controller, que des possibilités de configuration. 

Bref, au-delà du fait que le Steam Deck est très clairement inspiré de la Switch de Nintendo, la machine de Valve est aussi le résultat de la précédente tentative de la firme à vouloir s’installer dans nos salons. Cependant, il reste encore à confirmer les bons résultats du Steam Deck, et pour cela Valve a encore beaucoup de travail.

Mais pour le moment on doit se contenter de ce que l’on a, et si le Steam Deck est un formidable mini-pc transportable, n’allez pas croire qu’il peut tout faire, ou plutôt faire tourner tous les jeux. Car j’ai un peu l’impression que l’on commence seulement à découvrir que les jeux récents ne tournent pas forcément parfaitement sur le Steam Deck. 

Or cela n’est pas vraiment une surprise. Parce que c’est bien beau de dire que le dernier jeu Harry Potter tourne sur le Steam Deck, mais est-ce pour autant jouable et surtout avec quelle concession ? Déjà que sur un PC normal le jeu ne sembleit pas totalement optimisé à sa sortie...

 Certes, avec un petit écran comme le Steam Deck on peut jouer en réduisant les options graphiques au minimum sans que le résultat soit trop moche. D’ailleurs petite parenthèse, oui la résolution est limitée à 800p, mais sur un écran de cette taille, il ne sert absolument à rien d’avoir une résolution supérieure. Alors arrêté de réclamer du 1080p ou de la 4K pour des écrans qui font 7 pouces. Cela ne sert à rien ! 

Ce qui n’empêche pas de constater que la machine de Valve a des limites. Si je rejoins l’idée que grosso modo le Steam Deck offre la puissance d’une PS4 en version portable, j’ajouterais que ce serait avec 30 images par seconde. Et si dans certains cas, c'est suffisant, dans d’autres ça ne l’est pas forcément. Surtout si l’on joue sur un grand écran, là forcément les limites de la machine sont plus flagrantes. Mais à ce moment-là, autant vous achetez un PC ou une console de salon. Ici on parle d’un machine avant tout portable, ou “transportable”.

Les jeux AAA

Alors à quoi peut-on réellement jouer sur le Steam Deck ? En théorie, et même parfois en pratique, on peut jouer à des jeux « triple A ». Mais pour ma part, ma réponse serait plutôt non, et cela, pour trois raisons.

La première : la batterie. Quelque soit l’optimisation de votre configuration de jeu sur le Steam Deck, sur un gros titre la batterie ne tiendra pas plus de 2 heures très grand maximum. Ce qui est déjà pas mal, n’en déplaise aux détracteurs qui ne semblent toujours pas comprendre que l’on touche là aux limites de la technologie actuelle pour un format comme le Steam Deck. 

La seconde : les sacrifices sont, à mon goût, parfois trop importants. Certes, cela peut varier d’un jeu à un autre, bien entendu. Certains titres sont très jouables à 30 images par seconde et restent joli à regarder sur un petit écran même en baissant la qualité graphique au minimu. Mais à choisir, je préfère jouer à ces jeux sur mon PC dans de bonne condition, que sur le Steam Deck en mode portable.

La troisième raison est plus personnelle : la qualité des triples A est selon moi en baisse… Entre les jeux pas finit à leur sortie, pas optimisé, en kit pour revendre des morceaux en DLCs, leur prix exorbitant, les microtransactions, les DRMs (coucou le gros tas de merde Denuvo), sans oublier leur qualité général trop souvent relative… Franchement, pourquoi se précipiter sur ces arnaques quand il y a mieux et moins cher à jouer ? Encore une fois c’est un avis personnel, mais malgré le fait que j’ai amélioré mon PC il y a deux ans, je constate que je suis loin d’en utiliser le plein potentiel, tant je joue finalement assez peu à des gros jeux récents qui coûtent cher et qui ne sont pas toujours très intéressants. 

Les jeux indépendants et 2D

C’est bien beau de critiquer les jeux triple A, mais alors on joue à quoi sur le Steam Deck ? Et bien, plus ou moins à tout le reste, c’est à dire les jeux indé et les jeux 2D. Certes tous ne tournent pas forcément parfaitement, mais je vais être clair : le Steam Deck est fait clairement pour ces types de jeux quelques soit leur genre. Il est ainsi tout à fait possible de jouer à un jeu de stratégie comme Dune : Spice Wars sur le Steam Deck, et cela malgré la petite taille des caractères. En fait, il suffit juste de découvrir une petite option bien pratique caché dans les menus de configuration des commandes du Steam Deck et qui permet d’activer une loupe !

L’émulation

Un autre type de jeux sur lequel vous pouvez jouer sur le Steam Deck, ce sont les émulateurs ! Grosso modo, jusqu’à la génération PS2, vous pouvez y aller les yeux fermer. Pour la génération Xbox 360 et PS3, ça fonctionne très bien aussi, mais attention, il peut y avoir quelques petites mauvaises surprises. Dans mon cas par exemple il y a un tout petit pop audio dans l’émulateur PS3 que je n’arrive toujours pas à régler, et ça m’agace (au passage si vous avez une astuce). Côté Nintendo, on peut même aller jusqu’à faire tourner des jeux Switch !

Et les jeux rétro ?

Enfin, une autre catégorie qui me tient à cœur, mais qui me donne souvent aussi du fil à retordre, aussi bien sous Windows que sur le Steam Deck et donc sous Linux : les jeux rétro sur PC. 

Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas, parfois à moitié, souvent faut bricoler, parfois faut faire un trait sur les cinématiques, etc. Bref, c’est à réserver aux bidouilleurs. De toute façon, j’aurais sans doute dû le préciser dès le début, mais le Steam Deck s’adresse avant tout aux joueurs PC un minimum débrouillard ! 

Quoiqu’il en soit, et pour en revenir au sujet, quand ça marche, c'est quand bien agréable de pouvoir redécouvrir des vieux titres sur le Steam Deck. D’autant qu’en général, ils ne demandent pas beaucoup de puissance.

Et Windows ?

Et là, certains se disent peut-être : mais pourquoi ne pas installer Windows alors ! Ce serait quand même beaucoup plus simple. Oui, mais non. En tout cas moi pour le moment, je ne le conseille pas. Rien ne vous empêche cependant de le tester sur une carte SD, voire de garder ladite carte de côté si vraiment vous souhaitez jouer à un jeu en particulier qui ne fonctionne pas autrement. 

Mais globalement, pour le moment, je ne conseille pas d’installer Windows sur le deck. Et cela pour deux raisons.

La première, Windows n’est pas optimisé pour le Deck, et inversement. Il manque encore beaucoup de pilotes pour pouvoir pleinement contrôler le Steam Deck sous Windows.


La seconde, pour le moment le dual boot officiel n’est toujours pas disponible. Certes, il est toujours possible de créer son propre dual boot et d’installer sur le ssd interne (steam deck version 256go minimum donc) à la fois le Steam OS et Windows, et passer de l’un à l’autre au démarrage de la machine. Mais, je préfère attendre une solution officiellement supporter par Valve. 

De toute façon, il y a déjà pas mal de jeux à découvrir en restant sous le Steam OS sans forcément rester limité à Steam. Car oui, en bidouillant un tout petit peu, il est aussi tout à fait possible de jouer à des jeux que l’on posséderait sur GOG, Epic Games Store, Humble, Origine (ou EA Play désormais), Ubisoft, etc. On peut même, pour peu que vous ayez l’abonnement adéquat, utiliser le Cloud Gaming du Xbox Game Pass, ou encore recourir à Geforce Now.

En conclusion, à qui s’adresse le Steam Deck. Pour ma part je dirais :

  • À celles et ceux qui savent un minimum se débrouiller avec un PC, car pour pleinement profiter du Steam Deck, il faudra forcément bidouiller Linux. Rien de forcément très compliqué, mais si vous cherchez la facilité, orientez-vous plutôt vers des consoles.
  • À celles et ceux qui ne souhaitent pas forcément jouer à des gros récents, mais plutôt à des jeux indépendants ou 2D.
  • À celles et ceux qui souhaitent avoir une machine d’émulation puissante et portable.

À titre personnel, j’en suis très content, quand bien même le Steam Deck se montre parfois difficile à apprivoiser. Mais je suis également conscient que la petite machine de Valve ne s’adresse ni ne plaira à tous. 

Dans tous les cas, si après sa première année d’existence vous êtes intéressé par le Steam Deck, je ne serais que trop vous conseillez de bien réfléchir à votre achat, afin d’éviter toutes déceptions.



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